
🌱 Peut-on devenir un arbre après sa mort ?
Et si notre mort servait à faire naître la vie ? Et si, au lieu d’un cercueil en bois et d’un marbre froid, notre dépouille devenait la source d’un arbre majestueux, enraciné dans une forêt paisible ? Cette idée, à la fois poétique et écologique, séduit de plus en plus de personnes en quête d’un dernier repos plus naturel, plus utile, plus vivant.
Alors, peut-on vraiment devenir un arbre après sa mort ? Entre projets visionnaires et pratiques déjà bien ancrées, faisons le point.
🌱 Capsula Mundi : le cercueil qui devient arbre
Le projet Capsula Mundi, né en Italie, est probablement le plus emblématique de cette idée. Imaginé par deux designers, Anna Citelli et Raoul Bretzel, ce concept propose de remplacer le cercueil traditionnel par une capsule biodégradable en forme d’œuf, dans laquelle le corps ou les cendres du défunt sont déposés en position fœtale. Au-dessus, un arbre est planté, appelé à puiser ses nutriments dans la matière organique du défunt.
L’objectif ? Transformer les cimetières en forêts commémoratives, où chaque arbre représenterait une vie passée, une mémoire vivante.
Bien que la version destinée aux corps entiers ne soit pas encore autorisée dans la plupart des pays (dont la France), la version pour cendres crématisées existe bel et bien, et peut être utilisée dans les cadres légaux appropriés.
Capsula Mundi s’inscrit dans un mouvement plus large : celui de la réinvention des rites funéraires pour les rendre plus écologiques, plus personnels et plus apaisants.

Projet Capsula Mundi
(c) Capsula Mundi
🌱 Les origines du mouvement
Dans la continuité de cette philosophie, un autre modèle se développe activement en Europe : les forêts cinéraires.
C’est en Allemagne que ce type de lieu a vu le jour, notamment avec l’entreprise FriedWald dès les années 2000. Le principe est simple : on choisit un arbre dans une forêt protégée, au pied duquel les cendres du défunt sont inhumées, généralement dans une urne biodégradable. Un petit repère discret (souvent une plaque ou un QR code) peut être apposé, ou non, selon les souhaits des familles.
Forêt cinéraire en Allemagne (🇩🇪)
(c) Friedwald GmBH

Ces forêts, ouvertes à tous et accessibles, offrent un cadre paisible et vivant, où le souvenir n’est plus figé dans la pierre, mais inscrit dans le cycle du vivant.
🇫🇷 Et en France ?
En France, la législation est plus contraignante : les cendres ne peuvent être dispersées que dans des lieux autorisés, et les inhumations en pleine nature sont strictement encadrées. Mais les choses bougent !
Certaines communes ouvrent des espaces naturels cinéraires, comme :
- La forêt cinéraire d’Arbas (Haute-Garonne) : pionnière en France, portée par Elia Conte (Cime’Tree) elle permet la dispersion des cendres au pied d’arbres.
- D’autres initiatives locales émergent, comme récemment la forêt de Muttersholtz (Bas-Rhin), un projet à l’initiative de la collectivité.

Même si l’on ne « devient » pas littéralement un arbre au sens biologique, le symbolisme est fort : le défunt participe à la vie de la forêt, à son rythme et à sa croissance.
Forêt cinéraire d’Arbas
(c) Cime’Tree
🌿 Devenir arbre : une utopie écologique en marche
Si l’idée de fusionner avec un arbre après la mort reste encore partiellement symbolique, les technologies, les pratiques funéraires alternatives et les changements culturels ouvrent la voie à une révolution verte du deuil.
Dans un monde confronté à la crise climatique, cette manière de reposer — sobre, respectueuse, régénératrice — attire de plus en plus ceux qui souhaitent faire de leur dernier geste, un acte d’amour envers la planète.
Cependant, devenir un arbre ne s’improvise pas. Il faut tenir compte de la santé de l’arbre, du type de sol, et de la profondeur des racines. Les cendres humaines, riches en sels minéraux, peuvent s’avérer toxiques en trop grande quantité si elles sont directement placées sous un jeune arbre. C’est pourquoi de nombreux projets — comme Capsula Mundi ou les forêts cinéraires — utilisent des urnes biodégradables spécifiques, parfois associées à des substrats neutralisants, pour protéger les racines et favoriser une croissance saine.
Ainsi, si la symbolique est puissante, l’application concrète demande une approche rigoureuse et respectueuse de l’écosystème forestier.
🌳 Et vous, quel arbre seriez-vous ?
Chêne robuste ? Cerisier en fleurs ? Bouleau élégant ? De plus en plus de personnes expriment dans leurs dernières volontés le désir de laisser derrière eux un arbre, une trace vivante. Peut-on devenir un arbre après la mort ? Peut-être pas littéralement — mais on peut y contribuer, en faire partie, et renaître autrement.
📬 Envie de repenser la fin de vie avec douceur, nature et sens ?
Abonnez-vous à la newsletter de Cimélo pour recevoir nos articles, témoignages, actualités sur les funérailles écologiques et initiatives inspirantes autour du deuil naturel.
👉 Inscrivez-vous ici et rejoignez une communauté en quête de sens.